Note au lectorat


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lundi 22 septembre 2014

Orange, au bûcher !

Texte un peu vieux, (environ âgé de 3 ou 4 ans), je l'ai retravaillé un peu, et je vous le livre tout de suite.
La lecture au second degré est fortement déconseillée. 

Orange, au bûcher !

          L’orange, fruit qui fut longtemps un symbole de Noël. Si vous vous plaignez de vos cadeaux, on vous assène le magistral « ton grand-père n’avait qu’une orange, et il en était très content ! » Mais je vous pose la question, comment est-ce possible ? Je veux dire, comment la naissance du Christ/la fête la plus prisée par les petits enfants/autre (cela dépend de votre/vos confession/confessions) pouvait-elle être souillée par ce fruit maléfique ? L’arbre de l’Enfer n’est pas le pêcher, comme tout le monde le pense. C’est l’oranger. Vous ne me croyez pas ? Vous verrez qu’a la fin de ma démonstration, vous aurez changé d’avis. 

          Pour mieux vous prouver l’horreur de ce fruit, je vais choisir d’y confronter un individu de race humaine dans l’un des univers les plus familiers à la majorité des jeunes gens. Pourquoi choisir cette catégorie de personnes ? Parce que je suppose en toute logique, que si mon lectorat jeune ne connaît pas encore la situation de l'âge moyen ou du grand âge, les lecteurs âgés ont tous étés jeunes, et seront donc capables s'identifier  à mon sujet de démonstration. Reprenons. Ce lieu que les scolaires fréquentent avec courage et courage : le self. Vous êtes-vous déjà retrouvé pressé dans la file d’attente d’un self ? Généralement, on y devient anxieux. Parce que l’heure tourne, que la file n’avance pas, que les personnes derrière sont pressées… C’est dans cet état de stress que notre sujet de démonstration arrive devant le fatidique autel des desserts. Il attrape ce qui lui tombe sous la main, à savoir la plupart du temps : une orange. Voila, l’homme à mis le doigt dans un engrenage infernale. Pourquoi ? Pourquoi une orange et pas un riz au lait ou un coulis de framboise lyophilisé et mal réhydraté ? Peut-être parce que la couleur attire l’œil, que la rotondité de ce fruit est agréable. Peut-être que le cerveau, ivre de messages délivrés par le ministère chargé de la santé publique et par les organismes cherchant à sauvegarder –même contre notre gré- les nôtres est poussé à ce choix. 

          Je m’explique : l’orange (citrus sinensis) est un fruit, plus précisément, un agrume, contenant la vitamine C (acide L-ascorbique). Ça au moins, c’est clair, merci Wikipédia. Et quels sont les messages évoqués plus haut ? « Mangez cinq fruits et légumes par jour » ; « Faites le plein de vitamine C » ; « L’orange protège du soleil, des cancers de la peau, des comédons et de la dipsomanie» ; etc., etc.… Un fruit, c’est bon pour la santé (ce qui est vrai, mangez des fruits !). Propagande, propagande.

          Toujours est-il que notre individu se retrouve en possession d’une orange. Le caractère démoniaque de celle-ci se traduit bien sur par sa couleur (ce n’est pas pour rien que les roux étaient brûlés au Moyen-âge, époque que nous savons éclairée par les raisonnements rationnels). Mais les premiers mouvements diaboliques se manifestent dès que l’individu transporte, confiant, son plateau vers une table formica, immonde mobilier bâti sur les débris d’un majestueux platane, tombé sous les coups rageurs des démoniaques bûcherons, fruitiers à temps partiel. L’orange, ronde comme l’œil hagard d’un pendu, roule sur le plateau et cogne agressivement de toute sa brutalité les autres habitants de la plaque en plastique. Si l’innocente assiette de verre trempé contient de la purée ou de la viande en sauce, l’orange bondit, et atterrit au beau milieu de la pièce de vaisselle, maculant les alentours de gerbes sombres. Le juron lâché par l’individu résonne comme un râle d’agonie sous la voûte d’une cathédrale. Le ciel ne peut donc plus venir en aide à ce malheureux blasphémateur. Première victoire de l’orange. 

          Après avoir nettoyé au mieux son plateau souillé, l’individu sent une idée s’instiller dans son esprit, bien sûr distillée par le terrible fruit. Pourquoi ne pas caler l’orange sur le verre cylindrique placé dans le coin supérieur droit du plateau ? Aussitôt pensé, aussitôt fait. Hélas ! Le poids de l’orange, associé aux mouvements de marche que subit le plateau font basculer le martyre fils de silice, qui chute, et éclate sur le sol en pluie de fragments scintillants. La nouvelle grossièreté retentissante et le bruit du corps disloqué du verre font converger vers l’individu regards et quolibets. Son visage s’empourpre, comme le soleil mourant d'un soir de carnage. Après la longue récupération de son orange, qui ayant atterri sans dommage s’était enfuie sous la table à l’autre bout du self, l’individu s’assied avec un soupir d’aise sur une chaise détrempée de par la main d’un facétieux congénère, qui ne doit pas manger que des pommes. L’individu se relève, se masse le crâne –rapport au coup pris sous la table au moment de la récupération de l’orange-, change de chaise et s’apprête à manger. L’orange posée sur la table s’enfuit de nouveau et attend le malheureux sur un sol remarquablement collant et sous une table particulièrement propice à la trépanation brutale.

           Après maint autres péripéties, notamment des réflexions désagréables sur l’état de ses vêtements, l’individu peut ENFIN se restaurer. Il se plonge avec délices dans une béatitude langoureuse de salade flétrie, de viande reconstituée et de légumes élevés sous cellophane, suivis d’un yaourt légèrement moisi. Et vient le moment du dessert. Avec un sourire (crispé) l’individu prend l’orange dans sa paume (moite). Il referme ses doigts dessus comme à regrets. Et l’horreur commence. Pour amorcer l’épluchage du fruit, il saisit un couteau, mais les tranchoirs du self, suite à un maléfice fruiteux ont perdu toute capacité incisive. Se croyant d’une intelligence certaine, il troque son couteau pour sa fourchette. L’orange pousse cette dernière à se planter violemment dans la main du pauvre supplicié. Sa fourchette, l’ami de toujours le soutenant contre vents et marées, est devenue au contact du démoniaque fruit la fourche de Satan ! Revenant à sa coquille de solen, et changeant de main,  il dérape de nouveau sur la sphère incandescente et estropie son autre menotte (car le couteau est redevenu tranchant tout spécialement pour lui). S’aidant de sa cuillère, il pratique enfin une encoche dans le cuir de la bête. Il l’élargit, puis, combattant de toutes ses forces ce machiavélique adversaire, il arrache un minuscule bout de peau, trophée inestimable.

           Après de longs et rudes combats, l’armure luciférienne gît à ses pieds. Le souffle rauque, notre homme constate avec horreur qu’une deuxième peau, blanche, entoure le démon tel un linceul de fausse pureté. S’il n’avait point d’ongles, il serait perdu, mais, miracle, il en possède encore quelques-uns. Il commence la délicate phase, dite, de l’épluchage. Des lambeaux de toile blanche volent en tout sens, se coincent douloureusement sous les ongles qui réclament à êtres curés toutes les quatre soixantièmes de minute. Si certains morceaux de cet épiderme demeurent soudés à la chaire infernale – l’arrachant en répandant son sang maudit aux alentours –, d’autres sont fins et retors, ne cherchant qu’à épuiser les forces du brave guerrier. Cette seconde enveloppe enfin arrachée, il lui faut encore séparer le pervers agrume en quartiers. Il enfonce ses doigts à l’extrémité du fruit (non sans avoir au préalable vai5ncu la muraille épaisse qui la protégeait) et il bande ses muscles pour fendre en deux son bourreau. Les chairs se déchirent de nouveau, déversant des litres de jus poisseux. Il lui faut ensuite enlever les filaments blancs, nerfs d’acier au cœur de l’orange satanique. L’individu tiens alors dans sa main inondée de sang sucré un misérable fragment d’orange au trois quarts déchiqueté. Avec félicité, il glisse cette nourriture dans sa bouche. Ses aphtes, ses morsures de joues, ses caries et ses lèvres gercées le mettent au supplice. Ses papilles hurlent sous l’acidité inhumaine qui les ronge. Si vous pensez que tout est – enfin – fini, c’est que vous avez oublié quelque chose : les pépins ! Car, dans l’ultime morceau comestible (par défaut) du fruit, il y a en moyenne quatre à sept pépins. Voulant les enlever, notre courageux soldat les isole de sa langue et glisse délicatement deux doigts dans sa bouche pour les récupérer. Ce faisant, le quartier d’orange broyé par les consciencieuses prémolaires dégouline le long de sa main. L’homme ouvre alors les yeux sur le monde qui l’entoure. Ses voisins de table le regardent étrangement, un monceau d’épluchures, tel un charnier répugnant, se dresse devant lui sur son plateau, ses vêtements et ses mains sont imbibés d'un jus acide, corrosif et collant. Il remarque alors le détail qui lui arrache son ultime blasphème, si terrible qu’il ferait s’évanouir un troupeau d’élans, car il a oublié de prendre des serviettes.
          
          Et pour parachever cette démonstration, basons-nous sur des chiffres et des lettres :          « Orange » s’écrit en six lettres. « Diable » aussi. Et remarquez que dans les deux mots, le « a » et le « e » sont aux mêmes places, les places 3 et 6. Et trois six donnent 666 ! 

          Notez également que les phonèmes désignant la progéniture de l'autophotolithotrophe peuvent également s'entendre ainsi : « or » - « ange ». Et comme chacun le sait, l'or, incarnant la richesse terrestre et la cupidité est la marque de la corruption. L'orange porte le nom de l'ange déchu, souillé, corrompu !

De plus :
« O »comme « Os des damnés s’entrechoquant dans le gouffre de l’Enfer »
« R » comme « Rugissement des ombres déambulant dans les entrailles du Tartare »
« A » comme « Ammoniaque fumant de la gueule répugnante du Malin »
« N » comme « haine »
« G » comme « Gutturale cri poussé par Belzébuth les soirs de lune sanglante »
« E » comme « Et avec tout cela, je ne vous ai pas encore convaincu ? »


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