L'Alphabet des sables
Quand je marchais, petit, sur les dunes obliques
D'un rivage bombé aux courbes symétriques
Et que les remous blancs d'une marée femelle
Venaient parer ce bord de milliers de dentelles,
De grands oiseaux, parfois, en prenant leur envol
Jetaient dans le matin quelque absconse parole ;
Et je leur répondais dans mon langage informe
Mêlant ma frêle voix à ce fracas énorme.
On voyait se dresser tout le long de la plage
Des murailles au pied de châteaux forts sans âge,
Des cairns de galets, de tortueux tunnels
Qui courraient sous un flot de varech arc-en-ciel ;
Et perdu au milieu de ces contours dorés,
Je m'enivrais béat d'un courant d’air iodé.
Gris de contentement, les phonèmes épars
S'entrechoquaient, mêlés en un rythme barbare.
Aujourd'hui que, grandi, je foule de nouveau
Ce manchon jaunissant qui brille au bord de l'eau,
Ce ne sont plus les flots dont j'écarte les draps,
Et non plus les oiseaux dont j'écoute la voix.
Du creux des vallons blancs montent des cris d'amantes
Dont je parcours le corps de ma langue brûlante ;
Et leur souffle tombant d'une bouche enivrée
Épelle lentement les grains de l'alphabet.
Et que les remous blancs d'une marée femelle
Venaient parer ce bord de milliers de dentelles,
De grands oiseaux, parfois, en prenant leur envol
Jetaient dans le matin quelque absconse parole ;
Et je leur répondais dans mon langage informe
Mêlant ma frêle voix à ce fracas énorme.
On voyait se dresser tout le long de la plage
Des murailles au pied de châteaux forts sans âge,
Des cairns de galets, de tortueux tunnels
Qui courraient sous un flot de varech arc-en-ciel ;
Et perdu au milieu de ces contours dorés,
Je m'enivrais béat d'un courant d’air iodé.
Gris de contentement, les phonèmes épars
S'entrechoquaient, mêlés en un rythme barbare.
Aujourd'hui que, grandi, je foule de nouveau
Ce manchon jaunissant qui brille au bord de l'eau,
Ce ne sont plus les flots dont j'écarte les draps,
Et non plus les oiseaux dont j'écoute la voix.
Du creux des vallons blancs montent des cris d'amantes
Dont je parcours le corps de ma langue brûlante ;
Et leur souffle tombant d'une bouche enivrée
Épelle lentement les grains de l'alphabet.
Délicieusement érotique et d'une trouble nostalgie ! bravo Tristan !
RépondreSupprimerMerci de cet engouement. Il est vrai que j'étais près d'une belle fille lorsque je l'ai écrit, dans l'urgence qui plus est, pour le proposer à un cercle d'amis publiant un texte par semaine sur un thème donné. J'ai fini juste à temps.
SupprimerEt après quelques retouches (la version actuelle est légèrement différente de l'originale), j'en suis assez satisfait (je suis exigeant en matière de poésie, et encore plus dur avec moi-même).
Dès le moment ou le désir de publier ne ce fait pas ressentir, la poésie est un acte d'une extrême pudeur. Il est difficile de regarder le monde à travers le prisme de nos émotions et encore plus intime de les traduire avec des mots. Vas te promener dans ma communauté, tu y trouveras des petites gens qui ont fait parler leur coeur !
RépondreSupprimerJ'irai voir dans ce cas.
SupprimerEn effet, la poésie se crée à partir d'une intimité particulièrement profonde. C'est pour cela qu'elle est si dense.
Ok .. à bientôt, sur ton blog ou sur ma communauté !
RépondreSupprimer